Une plante « rustique », ce n’est pas une plante à « l’allure rustique » mais bien une plante qui résiste au froid. Or la résistance au froid, c’est relatif. La rusticité d’une plante est en effet une notion subjective car plusieurs facteurs influencent la résistance au gel. Et bien sûr, le froid hivernal varie beaucoup d’un endroit à l’autre. Voici nos repères pour vous y retrouver.

 

 cholla cylindropuntia

Les chollas, ou Cylindropuntia, sont des cactus rustiques : ils supportent des hivers descendant à -18°C et en dessous !

 

De quel froid parle-t-on quand on dit qu’une plante est rustique ?

Une plante est dite rustique lorsqu’elle est capable de supporter les conditions d’un hiver normal. Partout en France, par exemple, les ronces d’ornement sont rustiques. Ce sont des plantes qu’on peut cultiver partout, dehors, sans protection hivernale. Mais les plantes exotiques, ces plantes qui viennent d’ailleurs, sont plus ou moins rustiques. Il y a plusieurs catégories de rusticité :

  • la rusticité complète : ce sont les plantes dont on vient de parler. On y retrouve les arbres fruitiers, de nombreuses fleurs vivaces, des graminées mais aussi quelques cactées… Cela concerne les pays tels que la Belgique, l’Allemagne et la Suisse, et les régions de France au climat continental.
  • la rusticité partielle : ce sont les plantes qui supportent de bonne gelées, souvent de l’ordre de -10°C à – 12 °C voire plus, mais qui ne sont pas rustiques dans les régions les plus froides, à climat continental ou en montagne au dessus de 600 m (400 m au nord) comme les figuiers, nombre d’agaves et de cactées, etc. Ces plantes correspondent à des climats doux, comme dans le sud de la France ou pas trop loin des côtes (Bretagne, Normandie…)
  • la rusticité limitée (on parle aussi de plantes semi-rustiques) : ce sont les plantes qui supportent de petites gelées, souvent de l’ordre de -5°C à -7°C. Il s’agit de plantes succulentes, de plantes tropicales acclimatables moyennant une protection hivernale, des plantes de serre froide,des palmiers dattier,  etc. Dans ces conditions, les gelées sont souvent brèves (pas plus de quelques jours). Ces conditions correspondent aux régions de bord de mer et le pourtour méditerranéen, mais il y a aussi de nombreux microclimats.
  • la rusticité faible : ce sont les plantes qui ne supportent que de toutes petites gelées comme les plantes tropicales, les plante succulentes les plus fragiles, de lianes, etc. Cela correspond à la culture en intérieur, en véranda ou dans les régions de France les plus protégées, ou en Espagne et au Portugal (et encore, pas partout).
  • les plantes intolérantes au gel : elles peuvent geler au-dessus de 0°C comme les bananiers à fruit, de nombreuses plantes d’intérieur. Nous ne produisons plus de telles plantes pour des raisons environnementales car leur production est énergivore et cela ne se justifie pas.

 

La rusticité au froid d’une plante, en degrés

La résistance au froid est souvent indiquée par une température, -8°C par exemple. Cela veut dire qu’au plus fort d’un épisode de gelée, une plante rustique à cette température repartira sans trop de dommages au printemps suivant. Prenez-le comme une indication, une tendance. Si vos hivers descendent souvent en dessous de cette température, il vous faudra soit protéger cette plante contre le froid, soit y renoncer pour une autre variété, plus rustique.

palmier du Paraguay, Butia paraguayensis

Le palmier du Paraguay, Butia paraguayensis, est dit résistant à -8°C au maximum. un gel plus fort risque de l’abîmer sérieusement, hélas !

 

Comment lire la rusticité d’une plante ?

Prenez la température de rusticité en degrés (par exemple, -15°C), et recherchez la température minimale relevée chez vous depuis 30 ans. Le site de Météo France propose des archives bien pratiques pour les grandes villes : choisissez la plus proche de chez vous. Si l’hiver le plus froid est au-dessus de la température de rusticité d’une plante, alors vous pouvez la planter sans aucun risque, ni protection hivernale.

Rhapidophyllum histryx, le palmier à aiguilles

Rhapidophyllum histryx, le palmier à aiguilles, résiste jusqu’à -20°C. (© Howard E Price/Cc-by-2.0)

La résistance au froid, à relativiser

La rusticité est une indication de résistance, et non pas une valeur absolue comme on en trouve pour les outils ou les appareils. Une plante, c’est un être vivant !

A savoir : les jeunes sujets et les plantes malades ont une moindre résistance au froid que la valeur habituellement indiquée pour cette espèce. Les vieux sujets ont souvent, eux, une résistance supérieure. Les plantes installées récemment (moins d’un an) ont aussi une moindre résistance.

 

sabals, palmettos

Les sabals sont des palmiers très résistants, mais une fois bien installés seulement. Ca peut prendre du temps (plusieurs années)…

 

 

Des conditions qui jouent pour ou contre la plante

L’humidité du sol, au moment du coup de froid, réduit la résistance au froid d’une plante. La rusticité d’un végétal est à diminuer de 2 ou 3°C si le sol est humide, comparé à un coup de froid se produisant par temps sec. Plus le drainage du sol est bon, et plus la plante sera résistante aux coups de froids. Les cactées de jardin, les agaves rustiques, les plantes succulentes de pleine terre y sont très sensibles. Et de plus, cela réduit leur sensibilité à la pourriture en hiver, leur autre grande ennemie.

Pour en savoir plus : les conditions qui précèdent le coup de froid

Non seulement toutes les plantes ne sont pas égales devant le froid, mais à plante identique, conditions différentes ! une plante sera beaucoup plus résistante face à un coup de froid si les jours et les semaines qui précèdent étaient fraîches. En gros, la plante qui a été préparée à l’arrivée du froid supportera bien mieux une température négative que la même plante brutalement confrontée au coup de froid. C’est une sorte d’acclimatation, sur un délai court (l’acclimatation, de façon habituelle, porte sur plusieurs années).

C’est la teneur en sucres de la plante qui détermine sa résistance face à un coup de froid. Lorsque les conditions se rafraichissent progressivement, les sucres se concentrent et jouent le rôle d’antigel dans les cellules. si le refroidissement est brutal, il n’y a pas assez de sucre, le contenu des cellules gèle et elles peuvent en mourir.

 

Un manteau de neigeuse

La neige est un excellent isolant : sous son couvert, les plantes peuvent y résister à des froids inférieurs à leur seuil de rusticité. Ce n’est donc pas elle que vous devez redouter. Sauf si la neige est collante : elle est alors lourde et peut casser les branches rien que par son poids. Mais c’est un dégât mécanique (bris de branche) et non pas physiologique. La plante ne souffre pas de la même façon.

Méfiez-vous aussi de la neige qui séjourne au centre des plantes à rosettes de plantes succulentes et de désert, comme les agaves : la neige peut causer la pourriture du cœur.

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