Récolter des figues de Barbarie n’a rien de compliqué, en pleine terre comme en pot. Mais comment bien faire pousser le figuier de Barbarie, quelle est sa résistance au froid et surtout, quelles sont les meilleures variétés de figuier de Barbarie (et leur résistance au froid) ? On vous dit tout ici !

 

Figue de Barbarie, Opuntia ficus indica

Fruits de la figue de Barbarie, Opuntia ficus indica. Variété à fruits jaunes, cultivée notamment en Italie.

 

Le figuier de Barbarie, l’arbre du changement climatique

Opuntia ficus-indica est une merveille : il ne demande pas d’arrosage, ses jeunes raquettes sont comestibles comme un légume et ses fruits ont peu d’ennemis. Le figuier de Barbarie peut servir de plante fourragère, il sert à lutter contre l’érosion, demande peu d’entretien. Il est en total accord avec la permaculture. Même si le figuier de Barbarie devient parfois envahissant, il se contrôle efficacement. C’est une des plantes qui a un grand avenir devant elle avec le changement climatique.

Il se cultive actuellement environ 150 000 hectares de figues de Barbarie dans le monde, rien que pour la production fruitière. C’est bien sûr le Mexique, pays d’origine de la plante, suivi par l’Afrique du Nord (Tunisie surtout) qui réservent la plus grande surface à cette plante, qui est cultivée dans toutes les zones méditerranéennes du monde, et même en Chine (梨果仙人掌). Seule exception : l’Australie, où Opuntia ficus-indica est considéré comme invasive (mais n’est pas formellement interdite, contrairement à d’autres Opuntia).

La productivité du figuier de Barbarie de 4 à 6 tonnes de fruit par hectare (sans irrigation) jusqu’à de 8 à 10 tonnes par hectare (avec irrigation). C’est à peu près la même chose que les vrais figuiers (Ficus carica).

 

Résistance au froid du figuier de Barbarie

Opuntia ficus-indica est plus résistant au froid qu’on ne le croit souvent. La plante est endommagée lorsque les températures descendent en dessous de -5°C : les plus jeunes raquettes sont grillées. Lorsque la température descend encore en dessous (-5°C à -8°C), la plante est rabattue jusqu’à la souche. Il faut une gelée inférieure à -8 °C voire -10°C pour tuer un Opuntia ficus-indica qui avait formé une souche épaisse. Au sec, dans d’excellentes conditions et selon les variétés, une souche peut repartir du sol même après un épisode à -15°C. Nous l’avons constaté à la pépinière sur un sujet dont la base formait un tronc de 30 cm de diamètre et qui ne craint plus les gelées jusqu’à -10°C. Attention toutefois : après un fort gel, il faut plusieurs années avant que le figuier de Barbarie qui a gelé se remette à fleurir et donc à fructifier.

Sur les jeunes figuiers de Barbarie, le gel modéré à tendance à « déjointer » la plante : la base des cladodes (les raquettes) se ramollit sous l’effet des basses températures et le tout se brise sous le poids, même si les raquettes ainsi détachées sont viables. On peut comparer ce phénomène à celui d’autotomie, où la plante se taille elle-même. Mais le déjointage par le gel est pénalisant car il réduit la taille de la plante et peut faire perdre une année entière, voire plus. Les variétés à grandes raquettes sont plus sensibles car leur poids est plus important et elles ont plus tendance à basculer.

 

Repousse d'Opuntia ficus-indica à partir de la souche

Repousse d’Opuntia ficus-indica à partir de la souche

 

Comment faire fructifier le figuier de Barbarie

Opuntia ficus-indica est une espèce de grand cactus. Une raquette seule ne donnera pas de fruit et il faut attendre que le pied ait au moins 3 ans avant de fructifier. En pot, la fructification est tout à fait possible. La plante doit être vigoureuse et il faut l’arroser régulièrement si elle est en pot. Un figuier de Barbarie qui manque de soleil ne fleurira pas (et de toute façon, il sera mal en point). La plante est autofertile mais nous avons remarqué que la production de figues de Barbarie est divisée par 3 voire 5 lorsqu’il n’y a pas d’autre Opuntia fleurissant à proximité. Pour récolter beaucoup de figues de Barbarie, pensez à planter des Opuntia (comme l’oponce du Texas) dans les environs. Vous pouvez aussi promener un pinceau de fleur en fleur. Toutefois, dans un espace où une place est laissée à la petite faune (insecte ssauvages), la fleur jaune pâle attire de nombreux insectes dits floricoles (qui fréquentent les fleurs) et assurent donc le travail de pollinisation.

Attention : une plante trop jeune ou affamée ne donnera pas en pot. Méfiez-vous de ces sujets à une seule raquette et portant des fruits, que l’on trouve souvent en jardinerie et réseaux non spécialistes. il s’agit de raquettes que l’on a fait enraciner alors qu’elles étaient en boutons, et qui ne refleuriront pas avant des années (et si les conditions leur vont bien).

 

Culture du figuier de Barbarie : quelques erreurs à éviter

Comment bien exposer le figuier de Barbarie

La plante réclame le plein soleil dans les régions méditerranéennes et un minimum d’heures de soleil (6 par jour en été). à la mi-ombre (moins de 5 h de soleil par jour en été), la plante pousse peu et devient plus sensible aux ravageurs (cochenilles en particulier). En dehors de sa région habituelle de culture, le figuier de Barbarie n’aime pas le vent ni les terres mal drainées : choisissez-lui un endroit bien protégé.

 

Comment bien arroser le figuier de Barbarie

Bien qu’Opuntia ficus-indica soit un cactus, il ne faut pas penser que la plante déteste l’eau. Entre avril et octobre, ce cactus apprécie les pluies et supporte même une inondation de quelques jours, sans conséquences. En hiver, il apprécie une terre plus sèche mais a quand même besoin d’eau. Une privation d’eau en fin d’hiver influe négativement sur la quantité de fleurs produites. Il ne faut pas laisser la plante avoir soif au point de voir les raquettes se rider. en pot, un arrosage tous les 15 jours suffit (plus si la température est supérieure à 15 °C en journée).

Quel engrais donner au figuier de Barbarie ?

Opuntia ficus-indica apprécie les terres plutôt riches. en pleine terre et dans les régions de culture, on met parfois du fumier de plantation au fond du trou, pratique qui n’est pas recommandée en France métropolitaine. Toutefois du compost mûr sera utile, tout comme un engrais à libération lente (corne broyée). en pot, apportez un engrais à libération lente (engrais enrobé) une fois par an, en avril, ou bien un engrais liquide, une fois par mois, de mai à juillet.

 

La figue de Barbarie, c’est du sérieux

Nous accordons beaucoup d’importance à la qualité fruitière des souches de figuier de Barbarie car on n’achèterait pas un figuier ou un pommier sans se soucier de la variété. Les figuiers de Barbarie ont peu de diversité. il semble qu’il n’y ait pas plus d’une douzaine de grands types de figues de Barbarie, avec toutefois beaucoup de petites variantes, c’est-à-dire des clones, qui eux se comptent par centaines. Pour caractériser sérieusement une figue de Barbarie, il faut évaluer près d’une trentaine de caractères morphologiques, dont certaines demandent plusieurs années de recul, comme pour toute variété fruitière. La couleur de peau, de la chair, la vigueur de la plante, son aspect épineux, etc. sont autant de paramètres qui peuvent varier d’une souche à l’autre.

 

Épines ou pas d’épines ?

En bon cactus, le figuier de Barbarie a des épines, dans la forme que l’on devait trouver dans la nature. Certaines variétés d’Opuntia ficus-indica ont des épines (Opuntia ficus-indica var. megacantha, parfois considéré comme une espèce à part, Opuntia megacantha). Leurs fruits sont bien sûr comestibles mais de récolte moins confortable. C’est pour cela que l’on cultive surtout des figuiers de Barbarie sans épines. Cela ne date pas d’hier : on estime que la domestication de ces formes remonte à 8 000 ans en arrière.

Le scénario le plus probable est que la forme épineuse est proche de la souche sauvage et que les figuiers de Barbarie d’aujourd’hui en sont dérivés (il faut se méfier, ce n’est pas toujours le scénario le plus évident qui s’avère être le bon). Il arrive, rarement, qu’une forme inerme donne une raquette épineuse, qu’il n’est pas conseillé de garder bien sûr. Nous avons remarqué que les figuiers de Barbarie épineux sont très nettement moins vigoureux que les variétés inermes. Il existe aussi des formes peu épineuses (Opuntia ficus-indica var. anacantha, alias Opuntia anacantha), plutôt fourragères.

 

Diversité des variétés de figuier de Barbarie

Il existe plusieurs types de figues de Barbarie en fonction de leur couleur (verte, blanche, orange, rouge ou jaune) et de leur forme (arrondie ou allongée). Certaines variétés ont une couleur de peau qui n’est pas celle de leur chair. Le calibre des fruits est aussi variable, puisqu’on peut aller jusqu’à 200 g et même plus, même si la plupart des fruits que l’on récolte chez nous font aux alentours de 80-100 g.

 

Figuier de Barbarie, Opuntia ficus indica, variété à petits fruits rouges

Figuier de Barbarie, Opuntia ficus indica, variété à petits fruits rouges

 

 

A côté du vrai figuier de Barbarie, il existe un certain nombre d’Opuntia qui ont un ancêtre commun proche avec la figue de barbarie, voire en sont peut-être les ancêtres sauvages. Il s’agit par exemple d’Opuntia albicarpa, Opuntia hyptiacantha, Opuntia joconostele, Opuntia maxima, etc. Ce sont des oponces à gros fruits, mais plus petits que ceux de la vraie figue de Barbarie, et souvent plus épineux. Ces espèces ont une valeur ornementale et botanique, mais un intérêt en tant que culture commerciale réservée à des niches (compléments alimentaires, colorants naturels, etc.).

 

 

L’insecte qui faisait de la botanique

Dactylopius coccus, la cochenille du figuier de Barbarie, fournit le carmin (colorant E120, qui n’est pas un colorant vegan, donc !). Cet insecte, qui est une vraie plaie là où il prolifère, n’aime que le figuier de barbarie et les cactus très proches. Si cette cochenille n’y vient pas, ce n’est pas de la figue de Barbarie ! Nous n’avons pas cette cochenille à la pépinière, heureusement…

 

 

Méfiez-vous des imitations de figuier de Barbarie !

Tout ce qui est fruit de cactus n’est pas figuier de Barbarie. Certains cactus comme l’opuntia robuste (Opuntia robusta et formes dérivées) font des gros fruits, violets, mais assez médiocres. Les cactus les plus rustiques comme l’oponce du Texas, l’oponce inerme (alias Opuntia cacanapa ‘Ellisiana’) et d’autres font beaucoup de fruits. Ils sont souvent petits, brillants, et leur saveur va du « peu intéressant » au « plutôt dégueulasse » (nous n’avons pas d’autre qualificatif plus adapté). C’est pour cela que nous sommes très attentifs à ce que nous proposons à nos clients sous le nom de figuier de Barbarie.

 

Portrait d'Opuntia stricta en fruits

Opuntia stricta fait des fruits magnifiques mais qui sont peu savoureux.

 

Hybrides de figuiers de Barbarie

Si tout cela n’était pas assez simple, il existe des hybrides d’Opuntia ficus-indica avec d’autres cactus. Ces hybrides, curieusement, se rencontrent en Europe, où la promiscuité encourage l’apparition d’un métissage. Une souche sans épine d’Opuntia ficus-indica a notamment formé des hybrides avec Opuntia robusta, dans les environs de Valence en Espagne. L’Horta Nova en est l’un des plus notables et a été décrit formellement en 1988. Ces hybrides, dont nous avons quelques souches en culture, ne semblent pas avoir d’intérêt sur le plan gustatif. Trop lents à produire, leurs fruits sont épineux et de plus petit calibre, et peu savoureux. Ce sont toutefois des plantes décoratives et que nous proposons au fur et à mesure sur notre boutique.

 

Fruits d'Opuntia robusta, un cactus à gros fruits

Fruits d’Opuntia robusta, un cactus à gros fruits : ce n’est pas un figuier de Barbarie ! Sous sa forme-type comme ici, les fruits n’ont pas d’intérêt gustatif. Toutefois, il en existe des formes à tester.

Les figues de Barbarie, côté cuisine

 

Récolte des figues de Barbarie

Les fruits d’Opuntia ficus-indica sont bon à récolter à partir de la fin août au plus tôt, souvent mi-septembre. Les fruits doivent être cueillis sur la plante car si vous attendez qu’ils tombent à terre, ils seront trop mûrs. Une pince à cornichons (ou autre pince en bois de préférence) et un couteau sont les meilleurs outils. Ne basculez pas le fruit pour en casser la base car vous risquez de créer des lésions sur les raquettes, lésions qui se transformeront en nécrose l’hiver venu. Les épines ne sont présentes que sur la peau du fruit et pas à l’intérieur. Elles sont petites et assez cassantes, raison pour laquelle le fruit ne doit pas être manipulé à mains nues, mais avec des pinces.

 

Comment éplucher une figue de Barbarie ?

  1. Mettez le fruit à plat.
  2. Maintenez-le avec une cuillère en bois.
  3. Avec un couteau, coupez les extrémités (1 cm environ).
  4. Remettez le fruit debout.
  5. Pelez les côtés en maintenant le fruit debout.
  6. Le fruit est pelé, il n’y a plus d’épines !

 

Figue de Barbarie après épluchage

Comment peler une figue de Barbarie : couper les extrémités puis retirer la partie périphérique avec ses épines.

 

Vous pouvez aussi tenir la chair avec une fourchette et peler avec un couteau à lame fine : cette technique est plus adaptée aux petits fruits.

 

Comment manger les figues de Barbarie ?

C’est en salade de fruit ou en gelée que la figue de Barbarie donne le meilleur d’elle-même. Pour les plus cuisiniers, on peut aussi en faire des smoothies ou des cocktails, ainsi que des sorbets, en employant la partie de la chair qui n’a pas de graines. De même, on peut en faire du cuir de fruit, des pâtes de fruits, des sirops et coulis, etc. L’intense couleur du jus des fruits, qui tient à la cuisson, en fait en outre un excellent colorant pour les préparations culinaires.

Margarita préparée avec du jus d'Opuntia ficus indica.

Margarita préparée avec du jus d’Opuntia ficus indica.

 

 

Recette de la gelée de figue de Barbarie

 

Ingrédients :

1 kg de figues de Barbarie pelées

500 g de sucre

Jus d’un demi-citron

2 g d’agar-agar (sauf si sucre gélifiant)

 

Préparation :

  1. Coupez les figues de Barbarie en 4.
  2. Couvrez-les de moitié dans une casserole.
  3. Portez à ébullition et ajoutez le sucre. Mélangez.
  4. Réduisez le feu et remuez régulièrement pendant 20 minutes.
  5. Passez à travers une passoire fine (chinois).
  6. Ajoutez l’agar-agar et le jus de citron. Réchauffez.
  7. Remuez pendant 10 minutes, à petits bouillons.
  8. Mettez en pot.

 

Une pomme coupée en petits morceaux peut compléter la recette, comme des grains de vanille voire (à notre avis), quelques framboises, qui ne gâtent rien.

Bière Shiner, au jus d'Opuntia ficus indica

Bière Shiner, boisson texane au jus d’Opuntia ficus indica. Hé oui, au Texas, on en fait même une bière !

 

Le nopal, la figue de Barbarie côté salé

Les jeunes raquettes d’Opuntia ficus-indica se consomment lorsqu’elles sont encore souples, dépourvues d’épines dures. On brosse les raquettes avec le dos d’un couteau pour les débarrasser des jeunes épines et de ces petites cornes vertes qui sont en fait les véritables feuilles (éphémères) du cactus, du point de vue botanique. Ces raquettes prennent alors e nom de nopal et sont consommées poêlées, coupées en tranches larges de 5 mm environ. Le tout a la texture et le goût des haricots verts, mais il faut assaisonner et la couleur verte tourne au gris-vert, d’où l’intérêt de la sauce.

 

Pour en savoir plus sur les incroyables bénéfices du figuier de Barbarie, les passionnés peuvent se référer à un ouvrage collectif, à la fois gratuit et d’excellente qualité : Écologie, culture et utilisations du figuier de Barbarie, publié en 2018 par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Une véritable mine d’infos !

 

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