Artemisia afra, l’armoise africaine, est une armoise, donc une cousine de l’absinthe au feuillage fin et très parfumée. Pour amateur de senteurs ou de jardin sec, de plante utile. Artemisia afra, c’est un peu la plante de l’avenir…
Artemisia afra, la boule plumeuse
Au jardin, l’armoise africaine est une touffe arrondie au feuillage fin, argenté au revers et vert clair sur le dessus. Les tiges sont très droites et peuvent atteindre 1,50 m. La plante repousse toujours au même niveau, à 50 cm environ de hauteur. Il suffit de la ratiboiser en mars chaque année pour la tenir en l’état. La plante ne souffre pas des hivers moyens, malgré son origine tropicale, et résiste au froid jusqu’à -13°C environ.
Les froufrous parfumés d’Artemisia afra, l’absinthe africaine
Avec 131 composés volatils dans l’huile essentielle d’Artemisia afra, les jardiniers en prennent plein les narines ! Très odorante, la plante parfume l’air en été, à quelques mètres autour d’elle et lors des fins de journées chaudes. L’odeur n’a rien à voir avec celle de l’absinthe, que nous trouvons plutôt acide (mais pas mauvaise en apéritif). Artemisia afra tient plus du bonbon et du pin des Landes et on ne peut s’empêcher de la toucher en passant. En début de saison, lorsque la teneur de la plante en huiles essentielles n’est pas complète, elle sent plutôt le Coca-Cola (ou le Pepsi, si vous préférez, nous de toute façon on ne boit ni de l’un, ni de l’autre). Cette armoise-là, on en ferait tout un pastis !
Artemisia afra, la plante qui a manqué à Stromae
Dans les pays africains où elle pousse, Artemisia afra fait partie de la pharmacopée traditionnelle. Elle est notamment employée pour lutter contre le paludisme (la malaria). Ses effets thérapeutiques ont été longuement étudiés et constamment soulignés. Ce qui nous amène à un lien étonnant entre la plante et le chanteur belge Stromae. Dans un documentaire récent sur les effets indésirables d’un médicament anti-paludisme, le chanteur Stromae affirme qu’un de ces produits pharmaceutiques l’a plongé dans un état dépressif grave lors d’une tournée en Afrique. La presse people glose même du lien entre cet épisode et l’arrêt de sa carrière vocale. Voilà Artemisia afra qui se trouve avec un avocat de renom, un peu malgré lui.
Lutte contre le covid-19 par Artemisia afra : holà, tout doux !
Avec l’épidémie du virus-que-vous-savez, nous constatons chez Palmiers et Compagnie un regain d’intérêt pour Artemisia afra. Comme on l’a vu, précédemment, cette armoise a montré des effets cliniques contre le paludisme, maladie habituellement traitée par un médicament qui a fait beaucoup parler de lui, la chloroquine (alias chloroquinine). Il n’y a alors eu qu’un pas à associer Artemisia afra à la chloroquine et ses effets supposés sur le SARS-CoV-2 responsable du covid-19, alias « coronavirus », qui a causé une épidémie de confinement dans le monde. Bon, pourquoi pas, mais l’effet de la chloroquine sur le virus en question n’est pas des plus convaincants, et on ne voit plus trop ce que vient faire l’armoise là-dedans. Certes, Artemisia afra semble avoir une action contre au moins une famille de virus, les Flaviridae, à l’origine de fièvres mortelles. (C’est fou ce qu’on apprend sur le site d’une pépinière, n’est-ce pas ?). Mais sur les virus à couronne, ça reste à prouver. La question reste ouverte, à vos éprouvettes !
Une plante utile au jardin
En plus de ses vertus médicinales, Artemisia afra a deux qualités particulièrement utiles à la suite de l’interdiction des pesticides de synthèse dans les jardins (dite loi Labbé). D’abord, elle se désherbe toute seule, en relâchant dans le sol des composés qui empêchent les mauvaises herbes de lever à son pied. C’est le phénomène dit d’allélopathie (qu’on pourrait traduire par « tire-toi de là »). Mieux encore, l’extrait d’Artemisia afra a une activité contre les bactéries pathogènes des plantes. Ces bactéries-là sont responsables notamment du mildiou ou du chancre des arbres fruitiers, sans parler de Xylella, la bactérie tueuse d’oliviers. Il reste à expérimenter l’usage d’Artemisia afra dans ce domaine mais c’est assurément une plante à ajouter à la pharmacie du jardin.
Artemisia afra ou Artemisia annua ?
Ces deux armoises ont pour seul point commun de pousser spontanément en Afrique, qui n’est pas un continent où l’on rencontre beaucoup de représentant du genre Artemisia. Mais Artemisia annua, qui ne vit qu’une saison comme son nom l’indique, a une allure très différente. Et des propriétés médicinales sans doute différentes, puisque les composés que l’on y retrouve sont aussi différents.
L’armoise africaine dans votre jardin
Artemisia afra forme, comme on l’a dit, un petit buisson. La plante est assez vigoureuse et il ne faudra pas vous étonner de voir les feuilles de la base flétrir au fur et à mesure que la plante grandit. Cela peut aller vite en saison. En hiver, la plante perd ses feuilles, surtout par temps frais et sec, ou lorsqu’il y a des courants d’air. Il est prudent de protéger le pied durant les premiers hivers (comme vous protègeriez un palmier par exemple), car les jeunes plantes n’ont pas encore formé leur souche solide.
Comment cultiver Artemisia afra, l’armoise africaine
Taille adulte 1,50 m en fleur, 50 cm environ après rabattage, pour 1 m de large.
Exposition Plein soleil absolument.
Sol Bien drainé, pas trop riche pour faire durer la plante. Supporte le calcaire mais commence à chloroser (c’est-à-dire montrer des signes de carence par une décoloration du feuillage), lorsque le pH du sol est en dessous de 8 (sol très calcaire, terre blanche).
Plantation Mars à septembre dans l’idéal.
Adore… Les terres de remblais, fidèle à son caractère de plante rudérale (des milieux négligés) mais ira parfaitement dans une terre standard.
Déteste… La terre détrempée en permanence. Si elle supporte bien des épisodes très humides, les racines sont assez sensibles à l’excès d’eau. Épargnez-lui la vue de l’arrosoir à partir de la deuxième année.
Le truc pour le réussir Enterrez la base des tiges sous 3 cm de terre légère pour aider la plante à former des racines supplémentaires. En sol lourd, plantez-la sur une butte surélevée de 10 cm par rapport au niveau du sol.
Espacement 1 m