Les palmettos, palmiers du genre Sabal, ont une croissance particulière. Comme ils sont résistants au froid et font donc de bons palmiers de jardin, il est indispensable de savoir comment cultiver un Sabal et comment un palmetto se développe.

Sabal bermudana

Sabal bermudana

 

Le curieux tronc des sabals nains

Les palmettos nains ont la particularité de pousser à partir d’un tronc qui ne sort pas de terre, ou seulement sur des sujets très âgés. C’est une caractéristique qu’il faut connaître si on veut réussir la culture de ces plantes car cela a des conséquences importantes au jardin.

Tout commence au moment de la germination, puisque le Sabal a une germination qu’on dit latérale. Ce qui sort de la graine n’est pas, d’un côté, une petite racine et de l’autre, une feuille avec un bourgeon. Non, ce qui sort, c’est un organe qui ressemble à une racine mais qui contient l’embryon. Cette fausse racine va émettre une racine puis une première feuille. Grâce à ce stratagème, la graine de Sabal, qui germe en surface, fait démarrer son embryon (la toute jeune plante pas encore développée) sous terre. Alors que la première feuille du Sabal se forme, sa base se trouve parfois déjà à 10 cm de profondeur.

 

Lorsque la plantule se développe et grandit, elle forme à sa base un rhizome, c’est-à-dire une tige souterraine. Cette tige, assez épaisse et coriace, plonge à la verticale. Direction les entrailles du sol. Enfin, jusqu’à 50 cm de profondeur. Ce qui est extraordinaire, c’est que pendant ce temps-là, la plante reste au même niveau par rapport au sol. Car la vieille partie du rhizome est expulsée vers le haut et finit par se retrouver à l’air. C’est ce curieux trognon que vous observerez souvent chez nos sujets âgés de 5 ans et plus.

 

Vue du rhizome typique des palmiers du genre Sabal en forme de saxophone

Jeune Sabal mis à nu : le saxophone est surligné par les pointillés; La partie la plus vieille est celle en l’air, sur ladroite de la photo.

 

Car l’ensemble du rhizome de Sabal nain forme ce qu’on appelle un saxophone : le vieux rhizome, vertical et rejeté en arrière, donnant un rhizome bien plus grand et profond, exactement comme l’instrument de musique. La partie ressortant de terre finit par se décomposer. Les palmettos au sens strict (Sabal palmetto) montrent cette croissance typique.

Une autre présentation (en anglais) est disponible ici.

 

 

Tous les Sabal ne présentent pas ce caractère de façon aussi marquée. Les Sabal arborescents forment un rhizome très court et poussent davantage à la verticale, finissant par former un stipe véritable. Les hybrides, quant à eux, ont un comportement intermédiaire. D’abord un rhizome, un saxophone puis un tronc droit. En pot, cela veut dire d’abord un rhizome qui sort de terre, puis qui s’enfonce profondément à l’autre côté, le tout avançant un peu, de telle sorte que le cœur du palmier se déplace d’une trentaine de centimètres au cours de sa vie.

 

Évidemment, dans ces conditions, les plants déforment les pots et nos sujets n’y coupent pas. Vous recevez presque toujours un pot déformé sur le fond et sur un bord, mais c’est normal (et même plutôt bon signe). C’est l’une des raisons pour lesquelles n ne trouve presque jamais de Sabal en jardinerie, ceci dit.

Floraison de palmetto, palmier du genre Sabal

Floraison d’un Sabal : la forme de l’inflorescence est déterminante dans l’identification d’une espèce donnée.

 

 

Résistance au froid des palmiers Sabal

La rusticité des différentes espèces de Sabal dépend de nombreux paramètres.

Le plus important étant la taille du sujet. Là où un adulte de Sabal minor peut résister facilement à -12 °C, une jeune plante (à trois feuilles, mettons) souffrira dès -4 °C en plein air. Nous en voulons pour preuve que les sujets que nous avions à la pépinière en pleine terre, et qui avaient résisté à -16 °C (perdant leurs feuilles, tout de même), ne se sont jamais ressemés malgré les impressionnantes quantités de graines produites chaque année.

L’intensité des demi-saisons, printemps et automne, est un autre facteur. Là où ces saisons sont chaudes, le palmier reste en végétation plus longtemps. Car en dessous de 12 °C, les sabals ne pousseront plus, même les plus résistants au froid des palmettos. C’est ce qu’on appelle le zéro de végétation. Plus le temps passé en dessous de ce seuil est important et plus les Sabal auront du mal à se remettre d’un coup de froid.

 

Sabal minor Louisiana

 

Mais, évidemment, tout dépend de l’espèce de Sabal en question. Sachant que pour certaines espèces comme Sabal minor et Sabal palmetto, la provenance de la graine jouera beaucoup sur la sensibilité de la plante (adulte). Des provenances de lieux supposés plus froids devraient donner des plantes moins sensibles. Ces plantes sont en général diffusées sous le nom du lieu dont provient la graine (‘Mac Curtail’, ‘Riverside’, ‘Cherokee’, ‘Louisiana’, etc.).

 

Voici toutefois un tableau indicatif de la résistance au froid des principales espèces de Sabal.

 

Sabal bermudana -12 °C
Sabal causiarum – 6 °C
Sabal domingensis – 8 °C
Sabal etonia – 12 °C
Sabal gretheriae – 3 °C
Sabal guatemalensis – 3 °C
Sabal lougheediana – 5 °C
Sabal maritima – 5 °C
Sabal mauritiiformis – 4 °C
Sabal mexicana – 4 °C
Sabal miamiensis – 10 °C
Sabal minor – 17 °C
Sabal palmetto – 12 °C
Sabal pumos – 6 °C
Sabal rosei – 10 °C
Sabal uresana – 12 °C
Sabal yapa – 4 °C

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Sabal dans le monde : les palmettos l’aiment chaud !

Ce genre de palmiers est exclusivement américain, d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud. Le groupe des palmettos est ainsi surtout centré sur les Caraïbes. Au nord, il ne va pas plus haut qu’au Texas alors qu’au sud, il ne descend pas en dessous de la Colombie. C’est donc un groupe de palmiers plutôt subtropical, que l’on peut trouver en milieu humide à relativement sec. Ce n’est ni un palmier de désert, ni un palmier de milieu tropical humide. Pour l’amateur de palmiers européen, c’est plutôt bon signe.

Pour s’y retrouver, rien de tel qu’un peu de géographie. Voici la bonne synthèse tirée de Heyduk et al. (2016) :

carte de repartition des principales espèces du genre Sabal

L’article scientifique d’où est tirée cette carte tente de déterminer dans quelle succession les palmettos ont évolué. Une hypothèse voudrait que ce soit un palmier nord-américain qui a colonisé les Caraïbes, une autre hypothèse voudrait que ce soit l’inverse. Hé bien vous savez quoi ? On ne sait pas trop, en fait. Il semble bien que les Sabal nord-américains aient des Sabal d’Amérique centrale ou des Caraïbes comme ancêtres. L’hypothèse serait que l’île de Bermuda, il y a 400 000 ans, ait été plus petite à cause d’une mer plus haute. Une mer plus chaude aurait sans doute donné des ouragans terribles, ce qui aurait plus contribué à disperser des sabals des Caraïbes sur le continent américain. Ces graines entraînées par les tourments météorologiques auraient fait souche. Ce qui s’est déjà vu des centaines de fois dans le règne végétal.

Particularités concernant la culture des palmettos

Les palmiers du genre Sabal sont des palmiers qui ne sont pas très compliqués mais ils ont leur préférence. Tout d’abord, ils n’aiment pas le vent. Leurs grandes palmes présentent une surface importante face aux courants d’air et en cas de fort vent (plus de 90 km/h), elles se tordent. il faut donc situer ces palmiers près d’un mur, là où le vent souffle régulièrement.

En cas de froid, les palmes formées peuvent griller mais le cœur repart en avril. Un hiver humide peut faire pourrir la feuilles qui était en cours de formation : la plante forme les suivantes de façon normale et tout se passe comme si une palme manquait à l’appel. Cela ne se verra même pas sur la plante mais vous en aurez été quitte pour un petit coup de stress au moment où vous aurez observé la palme morte.

En pot, les jeunes sujets sont sensibles aux écarts d’arrosage. Un coup de sec peut se traduire par la perte du bourgeon. Or un palmetto qui perd son cœur ne repart pas. Il vaut mieux laisser un fond d’eau dans la soucoupe plutôt que de risquer de perdre la plante. L’expérience nous le rappelle plus souvent qu’on aimerait, mais c’est la vie du pépiniériste…

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