Tradescantia crassula est une sorte de misère géante. Un couvre-sol qui supporte de petites gelées et bien des mauvais traitements !
Tradescantia crassula, la misère pas misérable
En bonne misère, Tradescantia crassula se contente de peu. Elle rampe à la surface du sol, s’y enracine aux nœuds (elle se marcotte) et vagabonde comme cela sur une certaine distance, un mètre par an. A la moindre gelée, la plante grille mais il reste toujours un bout de rhizome caché sous les feuilles mortes pour repartir.
A la différence de Tradescantia fluminensis, Tradescantia crassula est assez grosse. Ses feuilles peuvent atteindre 6 à 7 cm de long et les tiges dressées peuvent se relever de 30 cm, avant en général de retomber sur le sol en s’allongeant. Le feuillage est dense et charnu, d’où ce nom de « crassula », qui veut dire épais en latin. En quelque sorte, Tradescantia crassula c’est la misère à feuilles épaisses.
Rusticité de Tradescantia crassula
Cette misère a beau ressembler à Tradescantia fluminensis sous stéroïdes, elle est un peu moins résistante au froid et en dessous de – 5 °C, mieux vaudra garder une bouture dans le garage (ou en intérieur). Rater le bouturage de Tradescantia crassula est impossible. Même respirer est plus difficile.
De la misère au juif errant
Ah ! Certes il y a bien assez de misère dans ce bas-monde. Mais pourquoi appeler misère ces plantes du genre Tradescantia ? Hé bien le terme de « misère » désignait l’orpin blanc (Sedum album), dont on connaît la propension à se faufiler partout, en particulier sur les toitures et les murs, comme certaines plantes du genre Tradescantia. Il semble que par contagion, le terme de misère ait fini par désigner ces dernières au fur et à mesure qu’elles faisaient leur apparition dans les intérieurs. Alors qu’aujourd’hui, on ne dit plus misère, c’est tellement ringard, on dit sobriété subie !
Le terme de misère, finalement, n’est pas si mal, comparé à celui qu’on a longtemps donné à la plante en anglais : juif errant (wandering jew). C’est une référence biblique à un personnage rejeté de toutes parts, et on ne peut que supposer que c’est l’aptitude de certains tradescantias à pousser au loin qui a pu y faire penser. Le nom a heureusement tendance à disparaître. Entre la misère et le juif errant, ce sont de bien mauvais noms pour une plante qui n’a rien demandé ! Pour nous, Tradescantia crassula restera Tradescantia crassula. Latinis semper supremat.