Inula helenium, la grande aunée, est une sorte de marguerite orangée au feuillage énorme. C’est une très bonne plante pour une scène exotique.
Feuilles XXL pour Inula helenium
La grande aunée commence son année par former son feuillage, qui ne passe pas inaperçu. La souche épaisse émet des feuilles en forme de grande lance, pouvant atteindre un demi-mètre de long. Puis une tige survient assez tôt, portant elle aussi des feuilles en forme de lance. Aux extrémités se forment des capitules, c’est-à-dire des inflorescences (la marguerite n’est pas une fleur, mais un ensemble de fleurs compactes sur un grand disque).
Grandes feuilles, tige pareil chez la grande aunée
Ce n’est pas que par ses feuilles que se distingue Inula helenium. La tige peut atteindre 2,50 m : ça fait une belle vivace ! Au bout, les capitules sont composés d’un disque central orange, entouré par des ligules fines, jaune d’or. On dirait de petits tournesols, mais en beaucoup plus élégant. Le tout sent un peu la bière (à notre avis). D’ailleurs, la plante a des vertus liées à la boisson et à l’assiette, ça tombe bien, comme on va le voir un peu plus loin.
La grande aunée au jardin
C’est une plante parfaitement résistante au froid. Elle aime les terres un peu riches et surtout, pas trop sèches. C’est une plante qui a toute sa place dans un jardin contemporain, à plusieurs titres. Son grand feuillage donne dans l’exotisme (alors que ce n’est pas une plante exotique, c’est subtil). Les capitules colorés plaisent aux bourdons en été (et aussi aux abeilles) et en hiver, les mésanges et les chardonnerets viennent les vider de leurs graines. D’ailleurs, c’est le bon moment pour nettoyer la plante. Elle peut se ressemer à l’occasion, là où elle se plaît.
Pour une scène réussie, associez-la à des phormiums, des crocosmias, des crinums et des kniphofias, qui ont tous exactement les mêmes besoins. Pensez à placer l’inule géante au fond du massif afin qu’elle ne vous cache pas le reste. Avec d’autres plantes à feuillage XXL, c’est inratable.
La grande aunée, une plante des pharmacies d’antan
De la grande aunée, on tirait diverses préparations depuis longtemps. La plante aurait été citée depuis les Romains et au Moyen-âge, la racine de la plante était confite. Avec sa racine un peu amère mais riche en inuline, ce sucre qui plaît aux bactéries bifidogènes, Inula helenium a surtout une vieille réputation de plante médicinale. Dans les anciennes préparations, la racine était employée sous le nom de radix inulae (racine de grande aunée, donc), dans cette tradition où tout composé devait revêtir un nom compliqué pour paraître plus savant encore aux yeux du profane. La racine d’Inula helenium a notamment pour réputation de servir de stimulant du système digestif. Mais voilà que la plante a fait parler d’elle il y a peu.
Une inule contre le virus, c’est assez nul
Figurez-vous qu’on a détecté que la grande aunée pourrait agir contre le sars-cov-2 (le coronavirus, quoi). Enfin, du moins, c’est qu’une étude de screening in silico a déterminé. Le screening in silico, littéralement « criblage simulé informatiquement », c’est un labo où on ne salit aucune fiole, aucune boîte de Pétri : on simule informatiquement la configuration de composés face à un agent. Les composés en question de la grande inule ont un nom barbare : quercetin-7-O-galactoside, acide 3,5-dicaféoylquinique et acide 3,4,5-tricaféoylquinique. Devinez quoi ? Ça a fait long feu et on n’en n’a plus jamais reparlé, de cette histoire. Comme tant de découvertes qu’on trompette à longueur d’année. Mais c’est une autre affaire, qui nous éloigne bien du jardin…On en rit aunée.