La figue ‘Cotentin’, alias ‘Violette Normande’ et que nous nous appellerions volontiers ‘Verte du Cotentin’, est une figue de Normandie, dans un secteur frais.
La figue du Cotentin, une figue venue d’on ne sait où
De mémoire, on a toujours cultivé ce figuier dans la presqu’île, dans les jardins flanqués de murs ou de haies. C’est que le vent de mer y souffle en continu. Et lorsqu’il vient du Nord-Ouest (« le vent d’noroué »), alors il râpe les branches. Alors on plante de grandes haies, et on y tient ce figuier. D’où vient-il, ce figuier ‘Violette Normande – Verte du Cotentin’ ? Sûrement de Méditerranée, rapporté par des marins à Cherbourg. Car dans ce secteur on trouve beaucoup de plantes exotiques qui sont arrivées par ce chemin.
Le mariage de la Normandie et de la Méditerranée grâce à la figue du Cotentin
La figue du Cotentin est un fruit d’abord vert devenant brun-violet à maturité complète. Les fruits sont plus gros (jusqu’à 80 g), et pendants. L’essentiel de la récolte est fourni par les figues-fleur, en août, venant sur les pousses de l’année. Une première récolte en juillet est possible lorsque le printemps est chaud. Ces figues ont une chair tendre, sucrée, de la couleur évoquant la purée de fraise. Elles se rapprochent de la figue ‘Brown Turkey’, très cultivée sur le pourtour méditerranéen (mais pas adaptée à la culture au nord de la Loire). Et lorsque l’automne est doux, il y a quelques figues d’automne, juste avant que l’arbre ne perde ses feuilles. Elles ne valent pas les figues-fleur, par leur calibre et leur saveur, mais c’est un au-revoir avant de se retrouver l’année suivante. Ces figues-là se retrouvaient parfois dans la cocotte, aux côtés d’un canard aux olives.
Un grand figuier de Normandie
La figue ‘Cotentin’/’Violette de Normandie’ donne un arbre au port arrondi, atteignant 5 m de haut pour autant de large. L’arbre forme quelques rejets au pied mais ce n’est pas la variété la plus proliférante.
La souche que nous vous proposons ici est une souche familiale. Les pieds d’origine existent encore, eux qui ont vu passer, il y a bientôt 80 ans, les troupes du débarquement. Dans cette partie de la France, les hivers ne sont pas très froids, mais les étés sont plutôt frais. Lors des belles journées d’été, on retire le pull dès 10 h du matin. Et le figuier de Normandie est capable de former des fruits dans ces conditions, et très bons avec ça, ce que beaucoup de variétés ne pourraient pas faire, à l’exception notamment de ‘Goutte d’Or’ (à la silhouette très différente).
Résistance au froid de la figue du Cotentin
Cette figue de Normandie est passée par la région parisienne (comme les troupes du débarquement), où elle a survécu à l’hiver 1985-1986. L’arbre était reparti de souche, après avoir hésité jusqu’au début de l’été. Les anciens affirmaient qu’il avait fait -22°C, lors de la nuit la plus froide de cet hiver que les moins de 35 ans ne peuvent connaître. Et deux ans après, les repousses portaient à nouveau des fruits. Dans le Cotentin, l’arbre était plutôt formé en tige mais en climat froid, mieux vaut le former en touffe, c’est-à-dire laisser le tronc se ramifier dès la base. En cas de coup de gel, la repousse est plus facile.
Comment cultiver la figue ‘Cotentin’, alias ‘Violette Normande’
Taille adulte : 5 m de haut pour 4 m de large, si on ne le taille pas. Se limite facilement, en taillant à la fin de l’hiver.
Exposition : plein soleil. En climat frais, vous n’aurez rien à l’ombre ou sans un minimum d’ensoleillement.
Sol : tout sol lui convient, même sableux ou calcaire. Il n’est pas fait pour les emplacements les plus secs (c’est un figuier normand !).
Plantation : mieux si elle est effectuée d’avril à septembre en climat frais. Possible toute l’année en bord de mer.
Adore… les arrosages en été, en sol sableux. Apprécie aussi les apports de cendres de bois (genre cendre de poêle à granulés).
Déteste… l’ombre. Alors que certains figuiers s’en accommodent, le figuier ‘Violette de Normandie’ ne le supporte pas et il aura tendance à filer vers la lumière.
Le truc pour le réussir : installez le plant en enterrant quelques centimètres de la base. Offrez-lui de larges quantités de feuilles mortes décomposées au pied si l’hiver est froid. Tant que le tronc n’a pas atteint 10 cm de diamètre à la base, le plant peut geler lors d’hivers inférieurs à -10°C. Comptez, en gros, 1°C de résistance au froid par centimètre de tronc (en diamètre).
Espacement : 4 m.