Agave bulliana, alias Prochnyanthes mexicana, est un agave très particulier. C’est une plante vivace à feuilles non piquantes, et plutôt pour la mi-ombre. Le nom de cette plante est très disputé.
Pas de piquant, et presque une plante bulbeuse
Prochnyanthes mexicana/Agave bulliana offre un look qui n’est pas celui d’une plante de désert. C’est une rosette de feuilles érigées, souples, vert clair et longues de 50 cm environ, retombantes à leur extrémité. La plante forme une base légèrement renflée, un peu à la façon d’un poireau dodu. Certes, ce n’est pas des plus spectaculaires. Mais la plante fleurit facilement, en formant un joli épi portant des fleurs en clochettes. Leur couleur est variable: à l’extérieur, elles sont de grises à vert crème en passant par le rose orangé. L’intérieur est plus souvent vert à jaune crème. L’inflorescence dépasse 1 m et dans certaines conditions très favorables, plus de 2 m. On en a observé dans la nature qui atteignaient 2,80 m). La floraison est automnale. La rosette dépérit à la floraison mais forme des rejets, comme chez toutes les plantes de ce type (Beschorneria, Manfreda, yuccas nains, etc.).
Résistance au froid d’Agave bulliana
Cet agave est rare en culture, à cause surtout du bazar qui entoure son nom. On a donc peu d’expérience à propos de sa résistance au froid. Sans doute la plante peut-elle supporter -5°C à -6°C, mais pour le moment, nous ne pouvons pas en dire plus. Nous comptons aussi sur vous pour en apprendre davantage ! Pour nous avancer sur cette rusticité, nous nous basons sur l’endroit où pousse Prochnyanthes mexicana. En effet, on trouve cette plante dans la Sierra Madre Occidental, cette longue chaîne de montagnes qui borde le flanc ouest du Mexique.
Pour être tout à fait exhaustif, on pourra même ajouter que cet Agave/Prochnyanthes se trouve dans les États mexicains d’Aguascalientes, Durango, Guanajuato, Jalisco, Michoacán, Nayarit, Querétaro et Zacatecas (ah oui, la Sierre Madre Occidental, c’est long). La plante se focalise sur les endroits plutôt herbeux, en coteau et dans les forêts de chênes ou de pins, entre 1 000 et 3 100 m. Certes, on est dans climat subtropical, mais les sommets de la Sierre Madre Occidental
Agave bulliana/Prochnyanthes mexicana, est-ce vraiment un agave ?
Qu’y a-t-il de commun entre un Agave salmiana dont certaines formes peuvent atteindre 5 m de diamètre avec leurs feuilles épaisses et féroces, et une petite plante de mi-ombre ? Pas grand-chose, si ce n’est une guerre que se livrent les botanistes depuis des lustres. D’un côté, ceux qui veulent de grands groupes, sans trop faire la différence entre les membres. Ce sont les lumpers, ceux qui regroupent dans le même sac. De l’autre, ceux qui estiment que toute différence doit être identifiée par un nom et que ce qui compte, c’est l’identité des petits groupes, pas l’ensemble. Ce sont les splitters, ceux qui coupent parfois les cheveux en deux. Pour un lumper, tous les chiens se valent, c’est Canis lupus, point final. Pour un splitter, c’est Canis lupus familiaris, voire un sous-groupe de ce dernier en fonction du chien.
Chez les plantes, c’est pareil. Les lumpers considèrent que Manfreda, Agave, Prochnyanthes, c’est pareil. D’autres, les splitters, considèrent que ce sont trois genres assez distincts pour les garder séparés. Le jardinier est un splitter dans l’âme car c’est vrai, c’est plus pratique pour s’y retrouver. Et surtout, il fréquente bien plus les plantes que certains chercheur qui parfois se prétendent botanistes et ne sont rien de mieux que des secoueurs de flacons, sans la moindre idée de ce qu’ils étudient (on en a rencontré plus d’un, croyez-nous…).
une petite plante qui pose de gros problèmes aux botanistes (mais pas au jardiniers !)
Tout cela nous amène à la controverse entourant Prochnyanthes mexicana/Agave bulliana. Certains considèrent qu’il s’agit d’un genre à part (Prochnyanthes) tellement la plante est différente d’un agave. D’autres estiment qu’il faut ranger la plante dans le genre Agave car il ne faut pas avoir une définition trop stricte du genre. Mais ce n’est pas si simple car cette plante a une affinité avec les tubéreuses (Polianthes) et bien sûr avec les Manfreda. Ajoutez à cela qu’il existe un agave faisant penser à une tubéreuse et le tableau est complet.
Comment cultiver Agave bulliana, alias Prochnyanthes mexicana
Taille adulte : en feuilles, pas plus de 50 cm de haut. Et seulement 30 à 40 cm de large. En fleurs, de 1 à 2 m de haut (épi très fin).
Exposition : ombre à mi-ombre. Ce n’est clairement pas ne plante de plein soleil.
Sol : plutôt sec, calcaire ou pas, même sableux.
Plantation : possible toute l’année en pot (abrité du gel en hiver, par précaution), de mars à septembre pour une installation en pleine terre.
Adore… le couvert des pins. Ca tombe bien, il n’y a pas beaucoup de plantes qui poussent sous ces arbres, mais vous en avez trouvé au moins une !
Déteste… le plein soleil sans aucune plante pour l’abriter un peu. La végétation est plus pâle et moins vigoureuse.
Le truc pour le réussir : offrez-lui quelques arrosages en été, même sans excès. La plante résiste bien à la sécheresse une fois installée. En automne, un couvert de feuilles mortes sèches au pied est sans doute raisonnable, contre le froid.
Espacement : 50 cm.