Une crête-de-coq dans le jardin, pourquoi pas ? Les érythrines, ces belles exotiques qui font rêver cachent une diversité qui les rend accessibles dans presque toutes les régions. Mais elles demandent un peu de préparation pour se laisser apprivoiser !
D’où viennent les érythrines résistantes au froid ?
Le genre Erythrina comporte environ 120 espèces, et couvre une très large distribution dans le monde, surtout sous les tropiques mais aussi dans des régions plus fraîches comme l’Afrique du Sud, les États-Unis ou la Chine. Ainsi il existe quelques érythrines de climat tempéré. Il faut aussi y rajouter le génie de l’hybridation, qui nous apporte déjà quelques plantes intéressantes.
Les érythrines rustiques
Il y a plus d’érythrines résistantes au froid que vous ne le pensez. Et vous pourrez cultiver des érythrines en pleine terre dans un bon nombre de régions.
Erythrina zeyheri
L’érythrine la plus résistante au froid est sans doute Erythrina zeyheri, originaire d’Afrique du Sud. Cette espèce forme une grosse racine (un caudex, ou une racine tubérisée) et forme des tiges qui ne vivent qu’une saison. L’érythrine de Zeyher est réputée résister à -12 °C (nous avons constaté qu’elle ne montre aucun signe de souffrance à -9 °C sans protection). Mais comme la plante a une végétation caduque, on peut protéger la souche de façon sérieuse et elle peut sans doute pousser très au nord. Seul souci : elle exige une très forte chaleur au printemps pour bien démarrer, et elle est avide de terre riche. Il faut donc envisager, en région froide, de démarrer cette érythrine avec un câble chauffant. Et de plus, ce n’est pas la plus spectaculaire…
Erythrina herbacea, l’érythrine herbacée
Cette américaine est souvent vantée, rarement commercialisée et souvent confondue avec Erythrina crista-gallii. Pourtant, elle est facilement repérable par ses petites dents, ses feuilles trifoliées peu épaisses et son port très ramifié. Elle ne forme jamais de tige épaisse comme les autres érythrines. L’érythrine herbacée, comme son nom ne l’indique pas vraiment, forme des tiges qui sont pérennes en climat doux mais caduques en climat froid. En réalité, elle gèle jusqu’au sol et repart de souche dans les régions fraîches. Elle tient jusqu’à -15 °C, moyennant une petite protection, à base d’aiguilles de pins sèches, par exemple. Mais le terrain doit être parfaitement drainé. (On vous dit tout sur sa culture ici). Ses formes de couleur rose ou blanche sont très nettement moins rustiques.
Erythrina flabelliformis, l’érythrine flabelliforme, l’arbre de Corail
Cette autre américaine est surtout connue des amateurs de plantes à caudex car elle forme un pied d’éléphant. Erythrina flabelliformis est un buisson de 1,50 m de haut, qui repart du sol comme Erythrina herbacea. Certaines souches, comme celles que nous sommes heureux de diffuser, proviennent de montagne, puisqu’on la rencontre jusqu’à 1 500 m d’altitude dans son aire d’origine, centrée sur le désert de Sonora. Ce désert particulier peut connaître des températures fraîches mais toujours sans humidité et surtout, les températures diurnes et nocturnes connaissent une forte amplitude. Cela rend Erythrina flabelliformis résistante à -8 °C seulement, encore qu’une situation favorable, par exemple coincée contre la maison et avec protection de la souche, elle puisse tenir davantage. (Pour connaître ses exigences de culture, c’est ici).
Erythrina crista-gallii, l’érythrine crête-de-coq
La plus connue des érythrines est aussi l’une des plus spectaculaires. La crête-de-coq forme de vrais petits arbres de 4 à 5 m de hauteur en corse et les régions non gélives du pourtour méditerranéen. La plante n’est pas rustique mais elle forme une souche épaisse (bien que ne formant pas de caudex à proprement parler), qu’il est facile de protéger. On préfère sa forme naine (Erythrina crista-gallii ‘Compacta’), de végétation plus trapue et plus facile à maintenir sous une protection. Dans ces conditions, cette érythrine naine de pleine terre résiste jusqu’à -10 °C. Ses tiges gèlent à -5 °C mais la plante peut repartir de souche si les gelées descendent en deçà.
Erythrina x bidwillii, l’érythrine hybride
Cette crête-de-coq se distingue des autres par sa végétation essentiellement herbacée. La moindre gelée (-3 °C) fait geler ses tiges, mais elle repart de souche sans protection particulière jusqu’à -10 °C. Avec une bonne protection, elle repart à des températures inférieures sans problème. C’est une forme florifère, mais peu spectaculaire. On distingue en réalité deux formes d’Erythrina x bidwillii. ‘Blakei’ tient plus d’Erythrina herbacea (l’un des deux parents), et ‘Camdeni’, qui tient plus d’Erythrina crista-gallii (l’autre parent). La seconde, aux fleurs un peu moins tubulaires, a un port moins herbacé que ‘Blakei’ mais est aussi moins rustique. On ne rencontre presque jamais la forme ‘Camdeni’ en Europe.
Les autres érythrines
Erythrina lysistemon, Erythrina coralloides, Erythrina humeana et Erythrina vespertilio, pour ne citer que les plus prisées des amateurs d’érythrines, ne sont pas rustiques. Elles ne supportent pas de températures inférieures à -3 °C, principalement parce qu’elles ne forment pas d’organe de réserve souterrain, comme les érythrines résistantes aux gelées, qui leur permettrait de repartir au printemps. Et même si elles pouvaient repartir, on ne les verrait pas fleurir car elles ne fleurissent que sur le vieux bois. On ne peut pas tout avoir !