Les virus végétaux restent invisibles à nos yeux. On ne les détecte que par quelques symptômes facilement confondus avec d’autres. Comment les repérer, lesquels sont dangereux ? On fait le point.

 

Combien y-a-t-il de virus de plantes ?

Les virus sont pourtant plus fréquents chez nos plantes cultivées qu’on ne le soupçonne. Il y a 20 ans, on connaissait environ 250 virus de plantes. Maintenant, on est à près de 1 000 !  Au jardin, quelques-uns peuvent être gênants, occasionnant une moindre récolte ou un préjudice visuel. Ils mettent rarement une culture en péril. Mais c’est aussi à certains d’entre eux qu’on doit bien des variétés ornementales à feuilles colorées. Les virus ne sont donc pas tous mauvais et leur reproduction est digne d’un film de science-fiction !

Virus de la marbrure jaune du camélia

Virus de la marbrure jaune du camélia : décoloration irrégulière de certaines pousses. Ce virus est souvent toléré en culture. Il diminue un peu la vigueur de la plante, mais pas plus.

 

Comment repère-t-on une attaque de virus ?

Dans la quasi-totalité des cas, la feuille de la plante attaquée prend une couleur différente, mais pas uniforme. Elle se décolore par endroits très nets, en secteurs délimités par les nervures. La décoloration suit un motif régulier, en damier. On parle souvent de mosaïque. L’aspect aussi de la feuille est modifié, elle devient plus épaisse, plus petite et un peu gaufrée. La plante perd de la vigueur et fleurit moins, voire pas du tout. Elle devient sensible aux maladies opportunistes (oïdium).

Le plus souvent, les dégâts des virus chez les plantes ne sont pas très importants : retard de croissance, moindre production, aspect inesthétique…

Attention : souvent aussi, de tels symptômes peuvent être dus à d’autres problèmes : carence en un élément nutritif, piqûres d’insectes, effet des intempéries, etc. Il faut donc y regarder à plusieurs fois, sur les jeunes feuilles; le virus végétal ne disparaît pas avec le temps mais par temps chaud, il est moins actif chez les feuilles qui apparaissent.

Symptômes d'un virus des plantes, le virus des orchidées, Cymbidium mosaic virus (CymMV), sur une feuille de Phalaenopsis

Symptômes d’un virus des orchidées, Cymbidium mosaic virus (CymMV), sur une feuille de Phalaenopsis

 

Le saviez-vous ? Une partie des variétés cultivées pour leurs feuilles panachées sont le fait de virus. En effet, dans ces variétés, l’action du virus (qui n’est pas mortel pour la plante) provoque des décolorations locales qui donnent à la plante un intérêt esthétique. Dans ce cas, les panachures se reconnaissent facilement : elles forment une myriade de petites marbrures ou une décoloration le long des nervures. Les variétés nommées ‘Pulverulentum’ ou ‘Aspera’ portent des panachures le plus souvent induites par des virus. C’est le cas de certaines variétés de menthes, de laurier-palme, de sureau, de chèvrefeuille, de camélias, etc.

portrait de trois arbustes à feuilles panachées par une virose décorative

Trois arbustes à feuilles panachées par une virose décorative : Coprosma ‘Marbled Queed’, Forsythia ‘Kumson’ et laurier-palme (Prunus laurocerasus) ‘Marbled White’. On aime ou pas…

 

Fleur de zinnia panaché 'Peppermint Stick'

La panachure de la fleur du zinnia ‘Peppermint Stick’ est due à un phénomène particulier. Lorsque les pétales (en réalité, les ligules, puisqu’il s’agit d’une fleur composée) sont encore à l’état d’ébauche, un virus inoffensif inactive l’expression de la couleur dans certaines cellules et pas dans d’autres. Selon que le virus est présent dans la cellule ou pas, la couleur est exprimée différemment. Résultat : le motif est irrégulier.

 

À quoi ressemble un virus chez les plantes ?

Un virus n’est pas un être vivant mais une sorte de « robot biologique ». Il n’a qu’un seul but : se répliquer à l’infini. Contrairement aux plantes, le virus est incapable de s’alimenter et doit parasiter une cellule pour se reproduire. En quelque sorte, il emprunte la machinerie des cellules végétales pour son propre usage.

Un virus se présente sous la forme de minuscules particules en forme de boîtes, les capsides. Les virus des plantes prennent aussi la forme de bâtonnets creux, comme des flûtes. Vous ne les verrez pas, il faut un sacré microscope et un peu de préparation ! L’intérieur de la capsule du virus contient seulement l’information génétique nécessaire à sa réplication (on vous le fait très résumé). Ce sont donc des structures très frustres et sommaires. Leur action n’en est que plus efficace et redoutable.

 

Un virus peut-il tuer une plante ?

Oui, mais c’est rare. Rembobinons un peu le film d’une infection d’une plante par un virus. Le virus injecte son matériel génétique dans les cellules de la plante. Celles-ci traitent cette information comme s’il s’agissait de la leur. Le plus souvent, cela affaiblit la plante, car elle produit des copies de virus qui ne lui servent à rien. Et parfois, cela va si loin que toutes les forces de la plante servent à produire des virus, et elle en meurt. Mais c’est peu fréquent. Le virus de la tristeza des agrumes ou le virus de la sharka chez les fruits à noyau (pêche, abricot, etc.).

Dépérissement dû à un virus des plantes, la tristeza sur un agrume

Dépérissement dû à un virus des plantes, la tristeza sur un agrume. C’est l’un des virus de plante les plus redoutés.

 

Comment soigner un virus chez une plante ?

Lorsqu’une plante est infectée par un virus, on dit qu’elle présente une virose. Et lorsque la présence d’un virus est attestée, aucune guérison ne peut être espérée. Il n’y a ni vaccin, ni médicament anti-virus pour les plantes ! Quelques virus peuvent être tolérés mais dans le cas de virus dangereux, il n’y a qu’une solution : éliminer les plants infestés et les brûler.

 

Comment les virus se transmettent-ils chez les plantes ?

C’est soit par un animal contaminé, soit par un outil que le virus se transmet d’une plante à l’autre. Les viroses sont contagieuses via les insectes piqueurs. Il s’agit bien sûr des pucerons mais aussi de bien d’autres, moins connus des jardiniers : psylles, cicadelles, thrips, etc. Le sécateur, lorsqu’on passe d’une plante à l’autre sans nettoyer la lame, est aussi un vecteur de transmission des virus entre plantes.

Gros plan d'un psylle, insecte piqueur

Gros plan d’un psylle, insecte piqueur. La bestiole mesure moins de 5 mm et son corps est presque translucide.

 

Les virus des plantes sont-ils dangereux pour nous ?

Les traces des virus sur les feuilles ne présentent aucun danger pour nous car ces virus ne peuvent pas se reproduire dans nos cellules. Et on ne craint pas la piqûre des pucerons, nous ! La question de la nocivité se pose en fait surtout chez les légumes, puisqu’on les mange. On peut donc parfois ingérer de grandes quantités de particules virales de virus de plantes, sans s’en rendre compte. Or certains virus des légumes sont soupçonnés de déclencher des réactions inflammatoires chez les personnes à l’estomac fragile. Le cas est connu pour le virus de la marbrure du piment, présent aussi dans les poivrons en culture contaminée. Cette nocivité est de toute façon très relative : mangez des légumes abîmés par des champignons ou des bactéries (des fruits gâtés, comme on dit) ou dégustez une sauce à base de tomates un peu pourries et vous obtiendrez les mêmes résultats !

 

Deux virus de plantes fréquents

 

 La mosaïque du figuier

Au printemps, l’apparition de taches en damiers sur le feuillage du figuier signe la présence de la mosaïque du figuier, un virus spécifique de ces arbres. Il ne se manifeste que sur le jeune feuillage et disparaît au cours de la saison, dès que la température dépasse 25°C. Cette virose atteint tout l’arbre et n’est habituellement pas contagieuse. Heureusement, cette maladie n’a aucune conséquence néfaste. En effet, l’action du virus ne se borne qu’à décolorer un peu les feuilles. On le trouve maintenant à peu près partout chez les figuiers du commerce, mais seul un œil avisé le repère dans la plupart des cas.

Virus de la mosaïque du figuier sur jeunes feuilles, un virus des plantes inoffensif

Le motif en mosaïque, d’où ce virus tire son nom, est plus visible au débourrement et lors des premières semaines du printemps. Le contraste de l’image a été augmenté pour que le motif en mosaïque soit plus visible.

Le virus des cannas

Portant le nom barbare de Canna yellow streak virus, cette affection se traduit par une décoloration en bandes du feuillage. Les motifs en triangle jaunes opposés par paire sont caractéristiques, mais il faut un peu d’expérience pour les repérer. La vigueur des plantes est très diminuée. C’est une maladie à laquelle nous apportons la plus grande attention afin qu’elle ne s’introduise pas dans nos cultures, car elle passe facilement d’un canna à l’autre par les insectes piqueurs. Et en plus, ce virus peut attaquer d’autres plantes que les cannas. Autant dire que chez Palmiers et Compagnie, on ne fait pas rentrer un pied de canna du commerce !

Détail du virus du canna, un virus des plantes

Détail du virus du canna,Canna yellow streak virus. Il se repère aux bandes jaunes à bouts pointus.

 

Toutes photos © Jean-Michel Groult

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