Peu fragiles, les agaves ne sont pas pour autant des plantes invincibles. Les agaves rencontrent en général peu de problèmes. Mais parmi les plus fréquents, la pourriture de l’agave est le plus délicat (comme la pourriture d’aloe, qui se soigne de la même façon). L’agave qui pourrit doit être soigné rapidement.
Un agave qui pourrit est souvent attaqué par une attaque de champignons spécialisés dans les plantes succulentes aux tissus charnus, tels que Bipolaris cactivora, alias Helminthosporium cactivorum mais aussi Marssonina agaves, des Cladosporium, des Phytophthora, des Sphaceloma et bien d’autres ! De toute façon, les symptômes sont toujours les mêmes et les techniques pour sauver un agave qui pourrit restent les mêmes.
Il y a deux cas de figure et la stratégie à adopter ne sera pas la même.
Premier cas : sauver un agave qui pourrit des racines
Si l’agave pourrit des racines, c’est que le problème se situe sous le point de végétation (dans le sol). Tant que le cœur est bon (l’ensemble des feuilles en formation est bon, mais la plante a perdu ses racines), rien n’est perdu. Certes, il peut être difficile de sauver pareil agave dont la base a pourri, mais c’est faisable, et sans utiliser de produits chimiques bien sûr.
- Sortez la plante du sol. En pot, c’est assez simple. En pleine terre, cela demande un peu de travail et sans doute, de couper une partie des feuilles de la base.
- Retirez toutes les racines abîmées, cassées ou qui ont une allure suspecte (couleur sombre ou encore texture molle).
- Saupoudrez le tout de poudre de charbon de bois (du charbon de bois écrasé au marteau fait l’affaire) ou de cendre de bois.
- Laissez sécher le tout à l’air libre, sur une surface sèche, et ce pendant plusieurs jours (au moins une semaine en été, deux en hiver, voire plus).
- Rempotez la plante (ou remettez-la dans le sol). Soyez particulièrement attentif avec le mélange, qui doit être très bien drainé (au moins 50 % d’élément drainant).
- N’arrosez toujours pas pendant 15 jours encore (sauf en été et par temps vraiment très chaud, si la plante commence à se rider sérieusement).
- Reprenez les arrosages mais avec parcimonie. N’humectez que lorsque le sol est parfaitement sec au toucher.
Surveillez la reprise. L’apparition de nouvelles racines prend entre un petit mois et deux mois. Vérifiez surtout que la pourriture est bien stoppée et qu’elle n’a pas progressé dans des tissus qui étaient sains auparavant. Sinon, c’est fichu !
Deuxième cas : sauver un agave qui pourrit du cœur
Une partie des feuilles a changé de couleur et prend une teinte noirâtre. La croissance est interrompue. Là, c’est beaucoup plus grave et dites-vous que vous avez peu de chances de sauver la plante. Mais Dame nature a de la ressource ! Tant qu’une partie de la souche, ce qu’on appelle le plateau (la zone à la base de l’agave et qui porte les feuilles), est encore saine, on peut en tirer quelque chose. Alors suivez cette procédure :
- Observez la plante et tentez de déterminer le point d’origine de la pourriture, s’il s’agit d’une pourriture partie de la base d’une feuille ou qui concerne tout le cœur.
- Assurez-vous de ne pas avoir affaire au charançon de l’agave. Ce ravageur exige de suivre une autre procédure.
- Mettez la plante complètement au sec. Si elle est en extérieur, couvrez-la afin de l’empêcher de recevoir toute pluie.
- Coupez les feuilles pourries, jusqu’à atteindre les tissus sains. Si tout le cœur est pourri, enlevez-le.
- Saupoudrez les tissus mis au jour avec du charbon de bois ou de la bouillie bordelaise. Ces deux produits agissent contre les bactéries qui sont à l’œuvre.
- Laissez toujours la plante au sec, et ce pendant deux mois au moins. La sortir de terre et la mettre les racines à l’air peut aider.
- Attendez la réaction de la plante. Regardez comment évolue la partie qui était la plus proche du point de pourrissement.
L’agave peut tenter de reprendre sa croissance en formant de nouvelles feuilles au cœur (peu probable mais c’est bon signe), faire un ou des rejets de sauvegarde (plus probable et il vous faudra donc les replanter dès qu’ils seront assez gros). Enfin, l’agave qui pourrissait peut voir la pourriture gagner du terrain et le problème peut se poursuivre. Dans ce cas, jetez la plante et passez à autre chose.
Pourquoi un agave pourrit ?
Alors là, la réponse est simple et vous aviez déjà une idée de la réponse : trop d’eau ! Pas forcément sous forme d’arrosage ou de pluie, mais atmosphérique. Les agaves sont dans la grande majorité issus de régions où l’air est sec. On cultive peu les agaves de climat humide car ils ne sont pas résistants au froid (comme Agave pablocarrilloi). Les autres craignent donc la moiteur prolongée, comme en climat océanique ou dans les conditions où l’air ne se renouvelle pas rapidement.
La pourriture des racines est presque toujours liée à un manque de drainage : terre trop argileuse, vieux substrat qui contenant trop de matière organique (et retenait donc trop l’eau), pot dont le trou de drainage s’est bouché, etc.
Il y a aussi d’autres causes à l’apparition de la pourriture sur un agave, souvent lié à un excès d’humidité, mais aggravé par un stress.
Un coup de froid peut causer le pourrissement d’un agave. Cela arrive lorsque le froid a fait pourrir une feuille et pour laquelle le pourrissement s’est transmis au cœur. Ce phénomène peut parfois prendre des mois et un agave qui pourrit en juin peut très bien manifester un coup de froid subi en février !
Les blessures, telles que la piqûre par un cactus ou la pointe d’une feuille d’agave peut aussi causer un point d’entrée aux bactéries qui s’attaquent aux tissus et les font pourrir.
Notez que les agaves à feuilles panachées sont bien plus sensibles à l’humidité que les autres. L’apparition de points noirs sur les parties blanches doit vous alerter.
Les agaves cultivés en situation défavorable (manque de lumière ou excès d’engrais en particulier) sont beaucoup plus sensibles au pourrissement que les autres. C’est vrai en pot comme en pleine terre.
Un coup de soleil qui a frappé le cœur d’un agave a pu causer une lésion des tissus, qui sont devenus plus vulnérables à un champignon pathogène des agaves.