Comment réussir, cultiver et faire fleurir les hédychiums, Zingiber et autres gingembres de jardin ? On vous explique tout. Et en plus, sans baratin généré par une machine, mais par un vrai expert en chair et en os.
Il y a gingembre de jardin et vrai gingembre
Dans les jardins, en pot ou en pleine terre, on cultive souvent le genre Hedychium, plutôt que le vrai gingembre. Le gingembre comestible est Zingiber officinale. Les plantes du genre Hedychium sont certes comestibles, mais sans réel intérêt à notre connaissance. On a essayé de râper le rhizome et cela ne vaut pas vraiment la peine en substitut du gingembre. Cela dit, les feuilles d’hédychium sont comestibles et il reste à essayer ces plantes en cuisine. On compte sur vous.
Et en gingembre, il y a aussi le gingembre du Japon (Zingiber mioga). Ça, c’est un vrai gingembre de cuisine, mais la floraison n’est pas spectaculaire.
Gingembre d’ornement, longose, gingembre de jardin, hédychium : c’est pareil !
Le genre Hedychium comporte une centaine d’espèces. Et elles se retrouvent à pousser bien loin de leur aire d’origine (l’Asie), ce qui fait qu’on leur a donné plein de surnoms différents :
- gingembre d’ornement
- gingembre de jardin
- gingembre kahili
- gingembre papillon
- hédychie
- lis gingembre
- longose (ou longoze)
- etc.
Bref, des Hedychium. Vous voyez que le nom latin est un espéranto du végétal.
Comment cultiver les Hedychium
Pour réussir ces beautés, ce ne sera pas compliqué, une fois que les bonnes conditions sont trouvées.
Où planter un Hedychium ? Quel emplacement choisir ?
Dans la nature, les gingembres de jardin prospèrent à la mi-ombre, toujours dans un sol bien drainant et composé de matières organiques. Autrement dit, ça pousse les pieds dans les feuilles mortes. Certains peuvent supporter le plein soleil mais dans ce cas, uniquement si le climat est très humide. C’est le cas d’Hedychium coronarium.
Ceci dit, les hédychiums ne sont pas des plantes très exigeantes. Là où les cannas se plaisent, les gingembres de jardin se plairont aussi, juste un peu moins exposés au soleil.
Quand planter les Hedychium ?
Deux situations peuvent se présenter lorsque vous plantez un « lis gingembre » :
- l’hédychium est en végétation (il a déjà des tiges et des feuilles) : il faut dans ce cas que le sol soit chaud, d’une température de 10 °C au moins. Sinon, il va stagner et pourrait souffrir. Dans l’idéal, cette plantation doit être effectuée de la fin mai jusqu’à la mi-août.
- l’hédychium est en repos (la souche n’a aucune tige) : le rhizome démarrera une fois en terre et il est un peu plus tolérant. Le sol ne doit pas être gelé dans ce cas et la plantation peut s’envisager à partir de la dernière gelée.
Si le rhizome est nu (pas de terre) alors il faut le passer par une phase de réveil, dans un pot, au chaud (20 °C) et à la lumière sinon ça va mal se passer.
Comment planter les hédychiums ?
Démêlez légèrement la motte du gingembre de jardin afin de retirer le substrat qui ne colle pas aux racines. Pour cela, chatouillez les racines (si si, c’est comme cela qu’on procède !), et le substrat en trop tombe tout seul. N’insistez pas trop.
Lorsque la motte est ainsi préparée, préparez le trou de plantation, égal à deux fois au moins le volume de la motte. Apportez du compost comme des feuilles mortes décomposées (ou de la vieille tonte de gazon, ou un terreau de plantation, mais franchement, ce dernier composant n’est pas idéal). Enterrez toute la motte en la couvrant sous 2 à 3 cm de profondeur (c’est important). Si vous laissez affleurer le rhizome, celui-ci va être très exposé au gel en hiver et il pourrait en souffrir. L’idéal est de planter de façon qu’il arrive juste sous la surface du sol et ne couvrir le pied d’une généreuse (mais alors, généreuuuuuuse) couche de feuilles mortes, après la plantation. S’il y a plusieurs plants d’hédychiums, espacez-les au moins de 50 cm voire d’un mètre si vous ne voulez pas les voir se mélanger (ça arrivera de toute façon).
Maintenez le sol moite (pas forcément humide et encore moins détrempé). C’est quoi, moite ? C’est comme le marc de café qui a servi dans les nouvelles machines : vous sentez bien que ce n’est pas sec, mais ce n’est pas imbibé non plus. Ça, c’est la bonne teneur en eau d’un substrat. De toute façon, il vous faudra obligatoirement apporter un paillis autour du pied et qui couvre toute la surface sur 50 cm de large. Rappelons que cette couche organique garde l’humidité du sol, nourrit le sol, entretient l’activité biologique de la terre et empêche les plantes indésirables (les « mauvaises herbes » si vous préférez). Bref, le paillage, c’est o-bli-ga-toi-re.
Quel engrais faut-il apporter aux hédychiums ?
Aucun, si vous paillez le pied. Si vous cultivez vos gingembres de jardin dans un pot, alors un engrais est indispensable. Dans ce cas, fertilisez les « lis gingembre » à l’aide d’un engrais assez riche. Les formulations minérales (chimiques, plus fortes) sont plus adaptées. Les engrais bio (organiques, plus doux) doivent être apportés plus souvent (une fois par mois) et assez en avance car ils agissent de façon lente.
Comment entretenir les hédychiums
La plupart du temps, en restant les bras croisés. Les gingembres de jardin ne demandent pas beaucoup de soins. Vous aurez juste à couper les tiges une fois que les premières gelées seront passées dessus, comme pour les cannas, et vous en servir en paillis pour protéger les souches. Il n’est pas besoin de nettoyer les fleurs fanées. Si on vous conseille de couper les fleurs fanées des hédychiums, alors vous êtes en face de vrais incompétents (ou d’un texte craché par un perroquet numérique). Parce que la tige de longose qui a fleuri a terminé son cycle. Elle va naturellement flétrir, le rhizome va cicatriser à sa base et la tige va se détacher naturellement, au cours de l’hiver. Le moignon de tige coupée va donc se nettoyer de lui-même.
Que faire en cas de coup de froid ? Les hédychiums résistent-ils au gel ?
À l’approche de l’hiver, certains lis gingembre peuvent entrer en dormance, si les températures se rapprochent progressivement de zéro, sans l’atteindre. Mais la plupart du temps, les gingembres d’ornement restent en végétation tant qu’il ne gèle pas et c’est la première gelée qui siffle la fin de la saison. Il faut alors protéger la souche avec une couche de feuilles mortes ou, comme on l’a vu, avec les restes de tiges et de feuilles, posées sur la souche ; cela ne suffit pas toujours et mieux vaut compléter avec une brouette de feuilles mortes. On oublie le tout jusqu’en mars ; à ce moment-là, mieux vaut dégager un peu la souche pour qu’elle prenne le soleil et que la terre se réchauffe. Pour les gingembres de jardin cultivés en pot, une seule solution : rentrer les contenants à l’intérieur. S’ils ont pris une petite gelée, mettez-les au frais, en cave (5 °C) et ressortez-les en mars. Sinon, les hédychiums peuvent servir de plante de véranda, en pleine lumière, voire de plante d’intérieur (mais pas trop chaud quand même et surtout, à la pleine lumière).
Comment faire fleurir un hédychium ?
Pour obtenir la floraison d’un gingembre de jardin, il y a un secret. Car ce n’est pas tant ce qui se passe en fin d’été qui importe, mais ce qui se passe au printemps ! Pour bien fleurir, un hédychium doit recevoir le maximum de chaleur dès le mois d’avril ou mai afin de sortir au plus tôt de sa léthargie, bien pousser et accumuler des réserves. Si la tige n’a pas assez de réserves, elle ne va pas fleurir de bonne heure et elle se fera surprendra par les premières gelées.
Ils sont tous pareils, ces gingembres de jardin !
Les hédychiums ont l’air, de loin, assez semblables lorsqu’on n’y fait pas attention. En réalité, il y a de subtiles différences qui permettent nombre de variations :
- – le feuillage, qui peut être lisse, vert ou bleuté, ou gaufré (vert vif dans ce cas), et persistant ou pas (lorsqu’il est caduc, les tiges tombent souvent d’elles-mêmes en fin de saison si elles ont fleuri).
- – les tiges, souvent vertes mais qui peuvent être teintées de rouge.
- – l’époque de floraison : certains hédychiums fleurissent dès août comme ‘Tara’, d’autres s’attardent jusqu’en octobre et même plus (Hedychium thyrsiforme).
- – la forme de l’épi floral, qui peut aller du très allongé et en cylindre jusqu’au compact et plutôt en cornet, avec tous les intermédiaires possibles.
- – les pétales, qui peuvent être blanc pur, rose, saumoné, rouge ou encore jaune et tous les intermédiaires possibles. Leur forme peut aussi varier, allant de fine (en spatule allongée) à trapue (en forme de cuillère très élargie).
- – le parfum, présent (chèvrefeuille surtout) ou absent (les Hedychium de couleur pâle sont plus souvent parfumés).
- – le port, droit ou étalé et la floraison, dans l’axe de la tige ou avec un angle (lorsque la tige se positionne presque à l’horizontale pour fleurir et que l’épi est alors vertical). Cette dernière combinaison est très exotique (cela fait penser à un Alpinia) mais cela prend plus de place.
Rien qu’avec ces possibilités, loin d’être exhaustives, on arrive à près d’un millier de combinaisons possibles, bien que certaines ne soient pas possibles. (Par exemple, les hédychiums à feuilles gaufrées ne sont pas caducs car ce sont des tropicaux, à croissance continue).